Monument emblématique de la ville de Boulogne-sur-Mer, la Cathédrale Notre Dame domine la cité depuis la ville fortifiée. Et inspire l’artiste italien Vesod qui joue avec ses perspectives, son dôme extérieur mais aussi son architecture intérieure pour nous faire réfléchir sur le lien entre notre esprit et notre image tout en rendant un magnifique hommage à cet emblème de la ville.
Muraliste aux effets d’optique impressionnants, Vesod avait déjà fait parler tout son talent lors de la création d’une « vague boulonnaise » visible au numéro 44 de la rue du Chemin Vert depuis 2020. Une première présence à Boulogne-sur-Mer et une découverte de la cité portuaire qui avait marqué l’artiste italien. « J’ai particulièrement aimé la Basilique Notre Dame dans la vieille ville » confie le muraliste. « J’avais déjà envie de travailler sur ce monument à l’époque donc j’ai pris quelques photos. J’ai travaillé ces images avec l’idée de garder la ligne directrice de mon travail depuis quelque temps où j’aime représenter les monuments symboliques d’une ville. La Cathédrale est visible depuis toutes les parties de la commune. Tout le monde la voit et la connaît. J’ai essayé de créer de nouveaux espaces, de poser un nouveau regard sur cet édifice pour inciter le public à la regarder à nouveau à travers de nouvelles perspectives comme un exercice mental. »
Passionné autant par les mathématiques que par la création artistique, Vesod a été influencé par un père, peintre surréaliste, l’art de la Renaissance et le futurisme. Pour créer un style unique entre figuration et abstraction où les couches se superposent afin d’harmoniser les proportions et de créer une dynamique futuriste autour de l’idée du temps qui se fige.
« Le projet est complexe » reprend l’artiste. « Je me suis inspiré de photos mais c’est en arrivant à Boulogne-sur-Mer que j’ai vraiment défini la représentation que je voulais réaliser. Ce n’est pas une question de religion pour moi. » La double représentation de la Cathédrale tant par son architecture extérieure que par son organisation intérieure compose également une belle métaphore de l’être humain. « J’aime cette idée de jouer entre le « dedans » et le « dehors » » continue Vesod. « On peut transposer ce concept à chaque personne entre l’image qu’elle souhaite donner et ce qu’il se passe dans son esprit, son âme. Je veux faire une analogie avec ces choses qui restent en dehors de nous mais qui sont quand même présentes dans notre esprit. On ne peut pas les séparer. La façon dont tu vois le monde correspond aussi à ton esprit, tes sentiments et à ce que tu as au plus profond de toi-même. »
Une question philosophique profonde pour une œuvre riche qui fait aussi référence à la mer et qui, placée au numéro 63 de l’avenue du Général de Gaulle, offre une perspective magnifique. « L’emplacement du mur est juste génial » sourit Vesod. « Tous les jours, je travaillais sur la Cathédrale en la voyant en arrière-plan, c’est parfait ! » Une fresque réalisée entièrement au pinceau, sans aérosol avec des couleurs créées par l’artiste.
Pour le plus grand plaisir des Boulonnais qui voient une nouvelle interprétation de leur cathédrale et de l’artiste, heureux de participer à cette 10ème édition. « C’est un festival très bien organisé. Depuis 2020, le parcours s’est enrichie avec de nouvelles pièces réalisées par des artistes que j’apprécie. C’est un vrai plaisir de venir à Boulogne-sur-Mer ». Et d’admirer des fresques aussi belles.
Portrait : Avec Vesod, art et mathématiques font bon ménage. D’abord influencé par son père, peintre surréaliste, Vesod se plonge dans le monde du graffiti dans les années 90 en parallèle de ses études de mathématiques. L’art de la Renaissance et le futurisme sont également des sources d’inspiration importantes pour l’artiste italien qui crée son propre style. Entre figuration et abstraction, les fresques du street artiste turinois superposent différentes couches visuelles afin d’harmoniser la proportion anatomique et la dynamique futuriste autour de l’idée du temps qui se fige. Les trois dimensions de l’espace et du temps sont donc représentées en un seul instant ce qui entraîne une perte d’importance de l’écoulement du temps. Le spectateur peut ainsi détacher une vision du monde où la personne seule apparaît comme enchevêtrée dans le cadre temporel lié au présent dans lequel nous vivons. Vesod a déjà laissé parler son talent sur les murs boulonnais en réalisant le joli rêve d’une vague boulonnaise au numéro 44 de la rue du Chemin Vert.
