Case, alias Andreas Von Chrzanowski, est un des membres fondateurs du crew est-allemand Maclaim. Pionniers du photo-réalisme, l’artiste s’attache à représenter essentiellement des mains, lien naturel entre le cerveau et le monde réel. Sa maitrise parfaite du dessin lui permet, en jouant avec les doigts ou les phalanges, de transmettre émotion et message. Chez Case Maclaim, la superposition des mains n’est pas seulement un mouvement physique du corps mais aussi un mouvement politique placé dans un contexte particulier où le spectateur peut visualiser l’histoire récente et ressentir une émotion. Il a laissé ses empreintes digitales dans plus de 20 pays. Autant de messages universels car « un geste de main peut dire mille mots ». Case_Maclaimest déjà intervenu deux fois sur les murs boulonnais. D’abord en 2017 rue des Pipôts avec « Pêcheur sur mer » puis en 2021 pour un hommage à la figure de Mariette dont on fêtait le bicentenaire de la naissance.
Une rue, une histoire
Rue des PIPOTS
Rebaptisée Rue Ernest Serret en 1883, en l’honneur de l’écrivain boulonnais couronné par l’Académie française, la rue a néanmoins gardé sa dénomination ancienne (1550) à une lettre près : à cette époque, « Pipot » s’écrivait au singulier. Ce mot désignait l’orifice d’une fontaine. Plusieurs conduits menant le trop-plein d’eau de la haute ville dans cette artère alors dédiée aux tanneurs, « Pipot » prit le pluriel et l’a gardé. Durant la parenthèse révolutionnaire, cette voie fut dénommée Rue de Mably. Cette artère importante qui a, elle aussi, souffert des bombardements, n’a conservé son aspect initial qu’au-delà de la rue des Prêtres. Après la guerre et à plusieurs reprises, son parcours a été élargi à différents endroits
Pour permettre aux véhicules de pouvoir enfin se croiser. C’était avant qu’on y instaure la circulation à sens unique ! L’hôtel des pompiers a disparu ; sur l’emplacement ont été bâtis
les locaux de la Caisse d’épargne de la Côte d’Opale. Autrefois habitée par nombre d’avocats et de notaires, d’architectes et d’armateurs, la Rue des Pipots possède de beaux immeubles. Elle a heureusement gardé les bâtiments de l’ancien collège Angellier, aujourd’hui dédiés à la musique et à la danse : une jolie fresque vient d’embellir ses murs. Une salle de cinéma ‘‘Les Pipots’’ y avait été aménagée, mais il y a belle lurette que les projections ont été abandonnées, hélas. Consolons-nous en gardant, pour la fin de ce paragraphe, un graffiti longtemps visible sur un mur de cette vieille artère : Tous les jours, c’est la rue des Pipots ; le samedi, c’est la rue des Pipelettes. Il est vrai que ce jour-là, avec le marché, les discussions vont bon train…
Rue BEAUREPAIRE
Cette artère est aussi calme la nuit qu’elle est animée à certaines heures de la journée. Après la rue Bertulphe Gosselin, en effet, le promeneur ne peut manquer l’imposante façade du lycée Mariette, construit sur l’emplacement du collège où, durant la Seconde Guerre mondiale, étaient regroupés les juifs arrêtés par l’occupant. Sérieusement touché par les bombes, ce bâtiment a laissé place au lycée actuel, mais le vieux « bahut »est toujours dans le cœur des anciens Boulonnais.
Plus haut a été construit un ensemble de logements dénommé ‘‘Résidence Beaurepaire’’. Sur le trottoir opposé, des maisons témoignent, à n’en pas douter, que leurs acquéreurs, à l’époque de leur construction, ne manquaient ni de goût, ni de moyens. Regrettons toutefois une vision qui fait oublier l’entrée de la rue (en venant de la place Saint-Michel) où plusieurs maisons murées, côté impair, font vraiment désordre. Officiellement dénommée le 20 juillet 1872, cette artère a été ouverte par divers propriétaires, en continuité avec un chemin existant ; son percement occupa alors un grand nombre d’ouvriers au chômage. De tout temps, elle a séduit. Citons Auguste Angellier (dont une plaque, apposée sur la façade du numéro 20, rappelle qu’il est mort à cet endroit en 1911) et Charles Dickens, locataire de la ‘‘Villa des Moulineaux’’, propriété de M. Beaucourt.