Segui imagine le retour triomphant du Général San Martin en Argentine
Peintre au double enracinement, Antonio Segui rend hommage au Général José de San Martin, héros argentin qui a choisi de s’exiler en Europe après avoir été l’artisan de la libération de son pays, du Chili et du Pérou. Le Libertador a passé les deux dernières années de sa vie à Boulogne-sur-Mer où il s’est éteint en 1950.
C’est ce fait historique qui marque à jamais le lien qui unit Boulogne-sur-Mer et l’Argentine. Réalisée en 1992 dans le cadre d’une commande publique « Des Murs en France », cette fresque signée Antonio Segui est située rue Thiers en face de « La Ramasseuse d’épaves » réalisée par Alaniz, lui aussi artiste argentin. Elle montre le Libertador qui franchit l’Atlantique depuis Boulogne-sur-Mer. De ce même pas alerte, si caractéristique du style de Segui, San Martin revient symboliquement sur les lieux de ses exploits, en l’occurrence le passage de la Cordillère des Andes avec l’armée qu’il avait levée contre l’occupant espagnol. La scène historique est colorée, animée et résume la brillante épopée du général.
Restaurée une première fois en 2002, c’est sous les coups de pinceaux de l’artiste boulonnais BF qu’elle vit une nouvelle cure de jouvence en 2019 lors de la 4ème édition du festival. Car le Street Art à Boulogne-sur-Mer est une mémoire à préserver. Ainsi, c’est avec « fierté, respect, plaisir et humilité » que BF a redonné tout son éclat à cette création qu’il observe depuis toujours. « Je connais cette fresque depuis que je suis enfant. Cette œuvre appartient à tous les Boulonnais. Elle fait partie de l’histoire de la ville. C’était un honneur de la restaurer ».
Portrait des artistes
Antonio Segui – Artiste Argentin
Antonio Segui est né en 1934 à Cordoba en Argentine et vit en France depuis 1963. Il est l’un des artistes internationaux les plus connus de son pays. En 1958, il part au Mexique rencontrer le muraliste David Alfaro Siqueiros dont la démarche est pour lui une source d’inspiration. Il en revient déçu et va mener son propre parcours artistique, marqué par ses souvenirs d’enfance. Il est l’un de ces peintres dont l’œuvre est en rapport à la fois avec les traditions de leur pays d’origine et avec le climat intellectuel de la France où ils ont choisi d’habiter. Artiste prolifique, Segui aime toucher à tout : peinture, sculpture, gravure… C’est lors de la Biennale de Paris en 1963, où il représente l’Argentine, que son travail conquis le public européen. Son œuvre place la comédie humaine entre espoirs et folies. Des créations ironiques, faussement naïves et inquiétantes. Un monde toujours coloré et très graphique qui rappelle l’univers de la bande dessinée.
Fresque restaurée par l’Artiste français BF
Né dans une famille où l’art tient une place centrale, peindre s’est imposée comme une évidence pour BF. Aquarelle, pastel, peinture à l’huile ou acrylique, l’artiste boulonnais aime touché à tout et s’inspirer des différents mouvements artistiques : impressionnisme avec Monet, surréalisme avec George Mathieu, Cubisme avec Picasso, Pop Art avec Warhol… Si aujourd’hui, il a délaissé quelque peu la peinture pour créer des portraits composés uniquement de bouchons en plastique recyclé, il revient à ses premiers amours avec « fierté, respect, plaisir et humilité » pour redonner tout son éclat à la fresque d’Antonio Ségui rue Thiers. « Cette œuvre appartient à tous les Boulonnais. Elle fait partie de l’histoire de la ville. C’est un honneur de la restaurer. »
Une rue, une histoire
Rue Adolphe THIERS
Afin de perpétuer le souvenir du premier président de la Troisième République le conseil municipal décida, en 1878, qu’une rue de Boulogne-sur-Mer porterait le nom de Adolphe Thiers ; un choix discutable, puisque la disparition de ce patronyme est régulièrement souhaitée. Ainsi le 1er mai 1994, un groupe de Boulonnais rebaptisa cette artère Rue de la Commune, afin de rappeler les nombreux morts imputables à Thiers lors de la sinistre répression de 1871. Cette voie reliant le coeur de la ville à l’ancien quartier des marins aurait pu s’appeler Rue du Commerce, puisque l’ex-Rue Neuve-Chaussée, qui a succédé à la Rue des Minimes (du nom du couvent des religieux installés à cet endroit) a toujours été la plus animée de la cité. Les vitrines de ses magasins sont un but de promenade pour les habitants et les visiteurs. Le luxe, qui était jadis son image de marque, a peu à peu cédé la place aux enseignes des succursales multiples que l’on retrouve hélas partout ailleurs. Et la fermeture des ‘‘Nouvelles Galeries’’ n’a rien arrangé ! Après le pavage central de sa chaussée, la Rue Adolphe Thiers est devenue semi-piétonne : une formule qui ne satisfait pas l’ensemble des promeneurs, qui doivent toujours se méfier des « deux-roues » qui ignorent superbement cette disposition. Des bancs, de la végétation et une statue (L’Etreinte) agrémentent cette artère qui présente néanmoins quelques beaux immeubles, dont la résidence ‘‘Cour Napoléon’’ : un ex-hôtel à la façade richement décorée d’urnes et de médaillons à bustes profilés.