Déjà riche des œuvres de Borondo, Li-Hill, Onur, James Bullough, Monkey Bird, Telmo Miel et Scaf Oner, la rue Laennec, magnifique symbole du musée en plein air boulonnais, s’embellit d’une nouvelle fresque signée Artez. L’artiste serbe joue avec ses personnages pour leur faire adopter des positions originales qui interrogent sur la place du corps et de l’être humain au quotidien.
Grand sourire aux lèvres, l’artiste originaire de Belgrade a vécu cette nouvelle expérience avec bonheur. A deux pas d’une seconde œuvre de son compatriote et ami Wuper Kec, le muraliste s’en est donné à cœur joie sur un mur dont les dimensions sont similaires à un tableau.
« Je travaille en ce moment sur une série que j’appelle « les simples acrobates » » explique le jeune serbe. « L’idée est de créer des scènes qui impliquent des êtres humains, un ou deux comme ici, qui soient dans des positions inattendues. » D’où l’image de ces deux corps qui se soutiennent et portent une plante comme un symbole de la nature et des corps qui prennent racines.
« Dans la rue, tu ne choisis jamais le format sur lequel tu vas travailler » poursuit Artez. « Il faut donc trouver une solution pour ajuster l’image que tu souhaites réaliser au format du mur tout en respectant l’ambiance du quartier et l’image que tu souhaites proposer. » Mais pourquoi ces corps représentés dans des postures originales ? « J’ai choisi ces positions particulières car je voulais sortir des représentations convenues qu’on peut voir dans l’art urbain où souvent les personnes sont toujours dans les mêmes positions. Je veux déplacer le point central de la fresque, qui est souvent accaparée par le personnage, en traitant la représentation de l’être humain de façon différente, comme un objet du quotidien. Les personnages ne doivent pas être le seul motif principal de la peinture. D’autres éléments comme la plante placée sur ces deux corps est tout aussi importante. Je n’ai pas cherché à représenter quelqu’un que je connais car tout le monde doit pouvoir s’identifier à cette représentation. »
Pour se fondre parfaitement dans le quartier, Artez a choisi des couleurs qui rappellent les maisons de la rue Laennec. « Je prends souvent des photos de modèles et je change les couleurs pour qu’elles se fondent dans l’ambiance de la rue. J’aime peindre uniquement à l’acrylique avec pinceaux et rouleaux et j’essaye d’ajouter plusieurs couches qui donnent le ton final de la fresque. Je ne veux pas que cette fresque apparaisse comme un « alien » car après mon départ, elle sera quotidiennement devant les yeux des habitants. Et si je suis chanceux, les riverains l’aimeront et en profiteront tous les jours. »
A n’en pas douter. Ils sont déjà très nombreux à se poser pour admirer cette œuvre originale dans une rue Laennec devenue à elle seule un musée à ciel ouvert. Un honneur et un bonheur pour Artez. « Réaliser une fresque à côté d’une œuvre de Borondo, un artiste que j’admire beaucoup, est une grande émotion pour moi. Ces créations sont incroyables. Pour moi, Borondo vient d’une autre planète. J’avais entendu parler du festival il y a plusieurs années et y participer est une fierté. L’organisation est au top et quelle joie de faire partie de cette magnifique programmation ! »
Artiste à la joie communicative, Artez vous invite à entrer dans son monde et à regarder les corps et les objets du quotidien avec un nouveau regard au numéro 30 de la rue Laennec.