Alors que le visage de Wedo pose la question du miroir, de l’image de soi et de l’influence des réseaux sociaux, l’œuvre de Daniela Guerreiro située juste à côté propose une atmosphère plus mystérieuse. Une jeune femme regarde à travers les stores d’un appartement sombre pour une belle allégorie de la nécessité de s’ouvrir l’esprit. Pour trouver la lumière.
La jeune artiste née au Vénézuela n’en revient toujours pas. Ajouter son nom à la longue liste des grands artistes passés par Boulogne-sur-Mer est quelque chose « de super excitant même si je suis un peu effrayée de faire partie de cette superbe programmation, ça met de la pression » confie-t-elle dans un sourire. « J’avais déjà entendu parler du festival il y a longtemps. J’ai toujours voulu venir ici participer à cette belle organisation et découvrir cette partie de la France. Et en plus composer en même temps que Marianna Duarte Santos, ma meilleure amie, est vraiment génial. Participer ici à la création d’un quartier dédié au street art en même temps que ces grands artistes qui sont autant de belles personnes est un honneur et un grand plaisir. »
Et à côté de l’œuvre en noir et blanc de son amie Marianna, la lumière apparaît. Un fin trait lumineux passe entre les lamelles d’un store pour éclairer le visage d’une jeune femme. « Ma fresque parle d’intimité, représenté par l’intérieur de l’appartement qui est sombre et mystérieux, et de courage » poursuit l’artiste. « Le courage d’aller vers les autres. A travers ce mur, j’ai voulu souligner la nécessité d’ouvrir son esprit, d’essayer de nouvelles choses, d’oser regarder dehors et de sortir de son intimité. Allez-y, sortez, voyagez, rencontrez de nouvelles personnes et saisissez les opportunités ! » Un appel et une nécessité pas toujours facile à accomplir. « Ce mur parle aussi de la peur que nous avons de vivre parfois. J’aime placer les femmes au centre de mes œuvres car j’ai grandi entourée de femmes et j’ai tout appris d’elles. Elles sont fortes, capables de s’occuper de tout. »
La philosophie est là tandis que la réalisation vient d’un travail en atelier autour d’une image. « Dans mon travail, j’aime d’abord prendre une photo et avoir un modèle pour créer un scénario » continue Daniela. « Je peins toujours les personnes que je connais. Je sais qu’elles sont de belles personnes qu’elles dégagent de bonnes vibrations. Cette fille est également une artiste qui a une vraie et belle passion pour la vie. »
Elle a pris corps sur ce mur tout en peinture et au style classique. « Je viens des beaux-arts et j’ai suivi un apprentissage classique. Je peins toujours tout au pinceau, je n’utilise jamais d’aérosol. Pour marquer ce message, j’ai voulu créer un contraste entre les mains et le visage qui sont davantage mis en lumière. La lumière vient de l’extérieur, le reste n’est pas sombre mais compose une atmosphère mystérieuse. On ne sait pas ce qu’il y a dans cet espace tout comme dans son esprit. »
L’appel est lancé. Sortez et admirez ces magnifiques murs qui composent le Musée à ciel ouvert qu’est devenu Boulogne-sur-Mer pour ouvrir votre esprit grâce au talent des artistes venus des quatre coins du globe.
Née dans une famille d’artiste modeste à Maracaibo au Vénézuela, Daniela Guerrero a toujours baigné dans l’art et la culture. A 15 ans, son père lui offre son premier appareil photo. Un véritable déclic pour la jeune fille qui apprend à poser son regard et développe une sensibilité touchante dans l’exploration des paysages, des hommes et des femmes autour des nuances de Noir et Blanc. Grande voyageuse, elle parcourt l’Amérique du Sud en sac à dos et se pose ensuite à Asheville en Caroline du Nord. Adepte de toutes les formes artistiques, son apprentissage à l’Académie des Beaux-Arts Neptalí Rincón influence son développement dans sa pratique de la peinture, du dessin et des techniques mixtes. Elle mettra sa touche et son regard dans cette nouvelle partie du musée à ciel ouvert boulonnais qui va prendre corps à deux pas de la gare SNCF.
