Juste à côté de l’œuvre de Jasmine Crisp, Fintan Magee signe une seconde fresque boulonnaise profonde et un peu décalée autour de la question de la place de l’art dans l’espace public et les musées. Références historiques et création contemporaine, avec l’artiste Abdul Abdullah, se côtoient pour interroger chacun sur son rapport et son regard sur l’art.

Avec celui que l’on surnomme le « Banksy Australien », la question de l’art dans la rue prend une autre dimension. Muraliste de talent, reconnu dans le monde entier, Fintan Magee a posé pour la seconde fois ses pinceaux à Boulogne-sur-Mer après une réflexion profonde. Car si la Capitale de la Côte d’Opale est aujourd’hui un véritable musée en plein air qui présentera très bientôt 100 fresques à admirer dans tous les quartiers de la ville, au fond, quelle est la place de l’art dans la rue ? Dans les musées ? C’est cette question qui taraude celui qui a fait de la création de fresque son quotidien.
« Cette œuvre est un travail collaboratif avec un artiste d’art contemporain australien Abdul Abdullah » confie Fintan dans son anglais cadencé. « Abdul Abdullah est peintre mais n’a jamais réalisé de mur. Malgré tout, nous avons évoqué l’idée d’une collaboration il y a longtemps et pour moi, c’est devenu évident sur ce mur à Boulogne-sur-Mer. »

Autour d’une thématique commune pour poser un regard critique et interroger la perception que chacun développe du monde et ici en particulier de l’art. « C’est une évocation de l’art public en France » reprend Fintan Magee. « J’ai choisi différents objets qui font un peu référence au colonialisme français comme la tête de pharaon, des objets orientaux, un ensemble de thé marocain dans un style de nature morte que j’apprécie. Lui apporte son côté graffiti avec ce personnage un peu drôle et décalé, sa signature, par rapport au reste du tableau. Ce personnage sort du parquet tel un égyptologue à la découverte de quelque chose. L’idée n’est pas de juger mais de poser la question de la relation entre les œuvres d’art, les musées et l’art dans la rue. C’est cette relation que nous voulons creuser. Qu’est-ce que l’on doit rendre ou garder ? Quel symbole, quelles valeurs cela représente pour nous de montrer des œuvres d’art venus d’autres pays ? »

Sur le plan technique, l’artiste australien travaille uniquement au pinceau sans utiliser de spray. Et apprécie particulièrement ce nouveau cadre de travail à deux pas de la gare SNCF. « C’est super d’être dans un quartier résidentiel, de peindre et d’exposer cette création devant le public dans un endroit où vivent les gens. C’est un bon moyen de connecter les gens à l’art, les faire réfléchir »
Une deuxième création engagée et qui pousse à l’admiration et la réflexion à découvrir place Rouget de Lisle.

Le retour du « vélo qui fond » boulevard Sainte-Beuve
Le retour de Fintan Magee à Boulogne-sur-Mer a aussi été l’occasion de reprendre sa première fresque réalisée au numéro 32 du boulevard Sainte-Beuve. « C’est un plaisir de revenir ici à Boulogne » sourit le muraliste. « J’ai voulu d’abord restaurer la fresque que j’avais réalisé en 2018 et qui fait référence au changement climatique avec ce vélo qui fond face à la mer. Des travaux ont été entrepris sur l’habitation et sur le mur pour refaire l’isolation et il était important de la réaliser à nouveau pour l’équipe du festival. J’ai essayé de reproduire la même fresque sur une surface un peu différente. » L’esprit et le message sont bien présents. Un symbole du musée en plein air boulonnais placé face à la mer à quelques mètres du centre national de la mer Nausicaà.
Une oeuvre qui avait été élue 3ème plus belle fresque du Monde en 2018 à redécouvrir avec plaisir.






Surnommé le « Banksy australien », Fintan Magee plonge dans le monde du graffiti dès l’âge de 13 ans. En 2010, il s’éloigne du « graff » traditionnel pour privilégier la réalisation de grandes fresques dans lesquelles il mélange savamment la violence du réel avec la douceur du rêve. Ces œuvres interpellent, marquent et questionnent. Dans son univers surréaliste, l’art ne sert qu’à réinventer la réalité. Ses créations explorent les thèmes du gaspillage, de la consommation, de la perte, de la transition et de l’environnement. Au cours des dernières années, il a consolidé sa position parmi les principaux artistes publics australiens et a beaucoup voyagé, notamment à Londres, Berlin, Los Angeles, Kiev, Atlanta, Buenos Aires, Copenhague, Moscou, Rome et Paris.
