L’œuvre est immense et domine l’ensemble de la place de France depuis début août. Signée par le duo Case Mc_Laim et Millo, elle transporte celui ou celle qui la contemple dans un monde imaginaire sur le thème de la mer où solidarité, imagination, partage, lecture et apprentissage se mêlent dans un univers de conte qui raisonne avec la présence du grand jardin d’enfants placé à ses pieds.
Que l’on soit enfant à s’amuser avec les multiples jeux du parc « de la Baleine », parent qui raconte des histoires à sa progéniture ou simple passant ou habitant qui aime se laisser aller à rêver, l’œuvre monumentale signée par le duo Millo – Case_McLaim parle à toutes et à tous. « Cette combinaison entre nos deux styles donne une œuvre unique » confie Case Mc_Laim qui a déjà signé deux murs lors des précédentes éditions du festival : « pêcheur sur mer » 35 rue des Pipôts et la reproduction d’un portrait d’Auguste Mariette, à l’occasion du bicentenaire de la naissance de l’égyptologue boulonnais au numéro 27 de la rue de Beaurepaire. « Elle représente deux sœurs jumelles. Avec ma femme, qui travaille avec moi sur mes œuvres, nous avions cette idée depuis longtemps. Et quand on a vu où été placé ce mur, devant ce jardin d’enfant, on avait trouvé l’endroit ! »
Les deux jumelles sont rassemblées autour d’un livre qui fait apparaître les vagues et plusieurs baleines tel un conte fantastique. « Le livre est un symbole » poursuit Case. « Il représente l’imagination que suscite une histoire, le partage entre celui qui raconte et l’autre qui écoute. Ensuite, le fauteuil roulant tient une place primordiale dans ce mur ». Où le handicap prend la forme d’une queue de poisson transformant l’enfant en sirène. « Vivre sans être libre de ses mouvements n’est pas une position facile dans la société » explique l’artiste allemand. « Mais c’est pourtant la réalité pour bon nombre de personnes et d’enfants. Les actions des personnes qui sont physiquement en pleine capacité sont souvent représentées dans les oeuvres. J’ai voulu aller à contre-courant de ces images connues. J’espère que cette fresque pourra amener des discussions entre enfants et parents et développera un côté éducatif.
Si Case Mc_Laim s’est consacré aux personnages, Millo a lui réalisé le contexte, l’atmosphère de cette immense création. « Le concept est fantastique et le résultat est plutôt chouette » sourit l’artiste italien. « C’était un vrai challenge de faire cohabiter nos deux styles très différents dans une même œuvre de street art. Mais pour moi, c’est un peu comme la musique. J’ai grandi dans les années 90 où tous les styles se mélangeaient. Et plus on mixait des styles de musique différents, meilleur était le résultat. J’espère qu’ici, c’est un peu la même chose. »
Pour donner d’autant plus de force au message : « Notre idée était de faire passer ce message d’intégration, de solidarité. Il est important de prendre soin des autres » confie l’artiste italien. « N’oublie jamais que tu es maître de tes actes ». Le tout avec beaucoup d’humilité. « Attention, je ne veux pas être un professeur, simplement une voix. Case a réalisé quelque chose de très réel tandis que mon style correspond plus à la manière dont les enfants voient un mur et vont le dessiner. J’ai aussi cherché à m’inspirer de l’architecture du quartier pour que le mur se fonde dans l’atmosphère. »
Pour un résultat final bluffant et touchant à admirer au numéro 30 de la place de France.