Né à Tanger, l’artiste marocain a toujours été intéressé par les arts plastiques. Après une expérience dans le graffiti durant ses années au lycée, Mohamed l’Ghacham s’inspire des peintres plus classiques pour développer un style réaliste et naturaliste avec des touches d’impressionnisme. Ses œuvres s’inspirent des scènes de la vie quotidienne, des moments simples pris sur le vif auxquels le spectateur peut s’identifier. Ces moments sont précieux. Transcrire des scènes banales de la vie quotidienne en œuvres monumentales rappelle qu’il faut chérir ces morceaux de vie et en profiter avant qu’ils ne deviennent que des souvenirs. Sa palette de couleurs sombres et discrètes, avec des coups de pinceaux lâches et des couches de tons sourds, ajoute une émotion et crée un style vintage qui rappelle les photos du XXème siècle. Ces scènes apparaissent alors comme des moments du passé, souvent effacés de la mémoire et ramenés à la vie par l’œuvre d’art qui devient ainsi un instrument pour surmonter son caractère éphémère. Mohamed l’Ghacham a déjà fait parler son talent à Boulogne-sur-Mer en 2022 sur les murs de l’Aviron Boulonnais où les scènes de la vie quotidienne s’enchaînent en douceur comme une bande dessinée, reflet de la vie du quartier.
Mohamed El Gacham de retour pour composer une magnifique nature morte où se mêlent objets du quotidien et symboles de paix
Pour Mohamed El Gacham, c’est une grande première. Jamais l’artiste marocain n’était revenu sur ses pas dans une ville où il avait réalisé un mur. Il a fait une exception pour Boulogne-sur-Mer et propose une nouvelle œuvre d’art toute différente de la première : une magnifique nature morte.
Tous les habitants du quartier Damrémont s’en souviennent. En 2022, Mohamed El Gacham avait représenté la vie des riverains à travers huit fresques symboliques sur les murs de l’aviron boulonnais. C’est cette fois-ci au numéro 9 de la rue Cazin que le muraliste a composé sa nouvelle fresque. Toujours aussi calme et bienveillant, l’artiste est tout sourire, heureux de retrouver Boulogne-sur-Mer. « C’est la première fois que je réalise deux fresques dans le même festival. C’est un plaisir de retrouver toute l’équipe et la ville de Boulogne-sur-Mer. D’habitude, je ne revois jamais mes murs. J’avoue que c’est un sentiment assez fou. Voir l’évolution du street art à Boulogne, les nouvelles fresques qui sont magnifiques et avoir pu composer en même temps que Shozy et Rouge Hartley, dont je suis très fan du travail, est un vrai plaisir. »
Pour ce retour, changement de style pour l’artiste. « Depuis quelque temps, je souhaite me renouveler » poursuit Mohamed El Gacham. Finie l’inspiration issue d’anciennes photographies et la représentation de personnages. « Ma vision et ma philosophie n’ont pas changé mais je voulais autre chose pour ce mur. Je suis toujours très attaché aux symboles du quotidien mais je n’ai pas voulu représenter d’hommes, seulement des objets qui installent rapidement un dialogue avec le spectateur. » C’est donc une magnifique nature morte qui voit peu à peu le jour autour d’une figure de la colombe qui apparait déjà nettement. « Elle représente bien sûr la paix mais c’est plus subtil que ça » reprend l’artiste marocain. « Je n’ai pas voulu une représentation typique. Ce mur synthétise plusieurs symboles. Les objets qui apparaissent sont universels. J’aime aussi le dialogue qui peut s’installer entre les objets organiques comme la pomme ou la poire et d’autres qui ne le sont pas comme la flûte. Tout le monde a une histoire avec eux. Ils permettent de créer un dialogue avec le spectateur. »
Un dialogue en deux temps grâce à la forme et la position du mur situé rue Cazin. « Au bout de la rue, on aperçoit la partie la plus poétique de la fresque avec la tête de la colombe, le verre… Et plus on s’approche, plus on découvre la composition et son aspect universel. »
Si Mohamed El Gachem a changé sa façon de traiter son sujet, l’atmosphère et les couleurs restent eux typiques du style de l’artiste. « Je m’inspire des couleurs des maisons du quartier avec du jaune, du rouge, du marron. Je ne suis pas là pour imposer une image mais pour faire un lien. L’idée est bien sûr d’être à l’opposée d’une publicité telle qu’on peut la voir partout. L’image doit se fondre dans l’atmosphère de la rue. Je veux que les riverains se l’approprient et la voit avec plaisir chaque matin. »
Un plaisir et un émerveillement sans cesse renouveler pour les habitants de la rue Cazin qui deviennent les premiers spectateurs des nouvelles œuvres du musée à ciel ouvert boulonnais.