Direction les hauteurs de Boulogne-sur-Mer et la rue du Fort Rouge pour se plonger dans l’univers d’Akut, auteur de la seconde fresque de la 7ème édition du festival Street Art. L’artiste allemand aime mêler graphisme et message profond. La défense de l’environnement est ici évoquée à travers une jeune fille qui cherche à protéger un Macareux moine avec des gants de boxe.
« Choisissez judicieusement vos batailles et vos approches ». Les mots ont rapidement pris place sur le grand mur du numéro 16 de la rue du Fort Rouge. En français et en anglais, ils ont longtemps constitué un repère pour l’artiste allemand. La fresque aujourd’hui terminée, certaines lettres se devinent encore, symbole de la philosophie de cette magnifique création qui a vu le jour sous les coups d’aérosols et de pinceaux d’Akut. « J’aime réaliser des œuvres belles qui plaisent aux habitants qui vont les voir tous les jours » explique le street-artiste. « Mais c’est encore plus beau quand ça a du sens. Boulogne-sur-Mer est le premier port de pêche de France. La question de la surpêche, des quotas et du renouvellement des espèces est devenue centrale. Représenter cet oiseau, un macareux moine ou « perroquet de mer », qui vit habituellement de la pêche, avec ces décapsuleurs de canettes en métal dans la bouche symbolisent l’urgence qui existe à préserver l’environnement. »
Voilà pour la philosophie. Mais pourquoi cette jeune fille, qui semble vouloir prendre soins de l’oiseau, est équipée de gants de boxe ? « C’est la teneur centrale du message. Vouloir se battre est important mais si vous n’optez pas pour les moyens adéquats pour y parvenir, ça ne fonctionnera pas. Il faut choisir les bonnes armes pour agir intelligemment. » Un écho à la phrase « Choisissez judicieusement vos approches » qui a été comme gravée sur le mur. « L’œuvre désormais terminée, les phrases n’apparaissent plus » poursuit Akut. « Mais elles m’ont servi de repères pour concevoir la fresque. » Un repère visuel mais aussi mental qui apparaît désormais comme un mantra.
Cette œuvre entre également en résonnance avec celles de Leon Keer, rue Maryse Bastié, et Telmo Miel, sur du Chemin Vert. Mais c’est un autre artiste qui a été le premier à parler de Boulogne-sur-Mer à Akut. « Je suis très proche d’Onur qui est venu l’année dernière » confie l’artiste. « Il m’a dit énormément de bien du festival, de la ville et de l’équipe. C’est fou de pouvoir faire partie d’un musée en plein air en train de voir le jour. Beaucoup de grands street-artistes sont passés par Boulogne. C’est assez incroyable de voir tous ces grands noms à chaque coin de rue. J’aime m’investir dans des villes comme Boulogne où la démarche a du sens. Je ne veux pas peindre un mur qui va se perdre parmi d’autres fresques dans une grande ville. Ici, la démarche est différente. »
Akut est également le co-fondateur du collectif Ma’Claim avec Case Mac_laim dont deux fresques sont à admirer rue des Pipôts (pêcheur sur mer) et rue de Beaurepaire (portrait de Mariette).
Aux spectateurs désormais de découvrir et de s’imprégner de cette nouvelle œuvre d’art.
Qui est cette jeune fille ?
Spécialiste du photoréalisme, Akut est également photographe. Le visage qui tient une place centrale dans cette fresque est celui d’une jeune fille que l’artiste a prise en photo en Allemagne. Le shooting a eu lieu peu de temps avant le festival et le regard et l’expression de la jeune allemande ont inspiré l’artiste. La mère a donné son accord pour voir le visage de sa fille apparaître sur un mur boulonnais. « Elle est très enthousiaste et me demande tous les jours des photos pour voir le résultat » confie Akut dans un sourire. Il est désormais certain que joie et fierté animent cette maman Allemande dont le regard de la fille va marquer de nombreux Boulonnais et touristes.