Et de quatre ! A côté de Wedo, Daniela Guerreiro et Marianna Duarte Santos, Rémi Tournier a laissé parler tout son talent sur un mur du quartier de la place Rouget de Lisle. Ces objets du quotidien emballés dans un style ultra réaliste viennent rappeler l’importance que l’on accorde aux choses, ces objets sentimentaux qui racontent notre histoire.

« Nos vies dans du papier. Nos vies dans du ciment » C’est le joli titre choisi par l’artiste toulousain pour définir cette magnifique nature morte qui a pris corps sur un mur de la place Rouget de Lisle. Une œuvre symbolique qui entre dans la démarche artistique du muraliste qui aime souligner la condition de l’homme qui s’attache aux objets qui l’accompagnent au grès de ses déplacements.
« Ma peinture représente une scène de drapée et d’objets à l’intérieur de ce drapé » détaille l’artiste. « Il y a des objets visibles et d’autres qui sont emballés dans du papier journal. La fresque a plusieurs significations mais le plus important pour moi est de mettre en exergue le fait que, dans notre société, on s’attache beaucoup à certains objets qui ont une importance sentimentale. On a l’impression que sans eux, il nous manque une partie de nous-même. » Des objets qui nous accompagnent et qui racontent notre histoire. « Souvent, ce sont des objets légués par la famille, qu’on a récupéré ou encore des choses qui nous font penser à quelqu’un ou à quelque chose » poursuit Rémi. « Je trouve ça hyper intéressant de penser que l’on garde des objets non pas pour ce qu’ils sont mais pour ce qu’ils représentent pour nous. »

Une démarche universelle autour d’une image symbolique et personnelle. « La scène représente une photo que j’ai prise lors de l’un de mes déménagements ». Et qui entre en parfaite résonnance sur le mur d’un habitat collectif. « Quand on est dans un immeuble comme celui-ci, on est aussi chacun dans une boite, côte à côte, comme des poupées russes. Chaque personne qui emménage voit son appartement comme un espace à conquérir pour qu’il lui ressemble. Dans ma composition, il y a de la vaisselle et des drapées, des rideaux que je trouve hyper représentatifs de la personnalité de chacun. Le hasard a fait que la tasse emballée dans le journal montre le mot LIBRES très visible, qui vient aussi questionner la notion de liberté dans ce thème. »
Une démarche qui va plus loin autour du plaisir d’échanger et de rencontrer les habitants. « J’adore rencontrer les gens » sourit Rémi. « Je vais aller dans deux appartements et leur expliquer la fresque pour qu’ils se l’approprient. Peut-être que chez eux, je ferai une photo d’un objet symbolique qui se retrouvera un jour sur un autre mur à un autre endroit. »

Une belle histoire de transmission mise en couleur dans un style classique, hyper réaliste. « J’utilise uniquement de l’acrylique et pas d’aérosol. Je peins tout au pinceau et au rouleau. J’aime composer moi-même mes couleurs ce qui n’est pas possible à l’aérosol. Je peux créer toutes les teintes que je veux afin d’obtenir une harmonie. »
Et poser un style différent de Wedo, Daniela Guerreiro et Marianna Duarte Santos qui ont composé trois murs magnifiques côte à côte. « Personnellement, ça ne m’est jamais arrivé de réaliser un mur aussi près d’autres street artistes » poursuit Rémi. « Ce qui est super, c’est la rencontre entre nous tous. Le soir, ça fait un peu colonie de vacances. Le partage des techniques est aussi super intéressant. J’apprends d’eux et ils apprennent un peu de moi. J’avais bien sûr déjà entendu parler du festival qui est très connu en France. C’est cool, car je n’étais jamais venu dans le coin. J’étais déjà passé par le Nord à Lille et Cambrai pour des travaux en intérieur. C’est la première fois que je viens sur la Côte d’Opale et j’adore. »
Un plaisir partagé pour un moment hors du temps autour de ces objets qui nous lient, à admirer sans modération place Rouget de Lisle.


Membre pendant 9 ans du duo SismikAzot, Rémi Tournier a débuté dans le Street Art en 2007. Originaire de Toulouse, il a composé un duo prolifique de 2012 à 2021, SismikAzot signant 10 à 15 fresques par an aux quatre coins de l’Europe et de l’Afrique. Aujourd’hui, l’artiste développe une démarche plus personnelle avec des œuvres sensibles et poétiques. « À travers ma peinture, je souhaite pouvoir échanger, partager et transmettre ce qui me touche » explique Rémi Tournier. « Passionné de photographie et de rencontres, qui sont les bases de mon travail, j’évolue dans un style principalement figuratif avec quelques influences issues de l’art urbain. J’aime la peinture au pinceau, à la recherche de touches sincères et du geste instinctif. Une manière de trouver un équilibre entre classique et contemporain. Je peins des histoires et des réflexions à travers des scènes de vie quotidiennes, des portraits, des mises en scène, mais aussi des compositions végétales, des objets et des natures mortes. » Le jeune toulousain posera pour la première fois ses pinceaux et peintures à Boulogne-sur-Mer.
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