Pour son premier festival en Europe, Versus Flow a frappé fort. En moins de temps qu’il ne le faut pour l’écrire, l’artiste russe a signé trois magnifiques fresques dans le quartier de la gare SNCF entre les rues Ferdinand Buisson et la place Rouget de Lisle. Il y est question de bonheurs simples, de temps d’introspection et de la nécessité de prendre soin de la nature.

Douces, belles et simples comme le bonheur. Les trois œuvres de Versus Flow démontrent tout le talent de ce jeune artiste mue par une soif de peindre et de partager son art. Si son anglais est approximatif, ses fresques parlent pour lui.

La première peut nous faire penser aux « nymphéas » déclinées à Boulogne-sur-Mer. Cette représentation d’une nature bien vivante marie espace minéral et représentation végétale avec douceur. « Ce premier mur représente une eau fixe, paisible et tout simplement la beauté de la nature » confie l’artiste. « Elle t’incite à te poser, à profiter du silence et à prendre le temps de penser à quelque chose d’important pour toi. »

La relation entre l’homme et la nature est l’une des clés de la démarche artistique de celui qui s’appelle Andrei Kalugin dans la vraie vie. « Ma philosophie est que tu dois toujours être proche de la nature et la remercier pour tout ce qu’elle t’offre au quotidien » continue le muraliste. « Mon travail parle de la connexion que chacun peut développer avec cette nature. » Une image qui trouve son prolongement parfait avec une deuxième fresque visible à quelques mètres de là. Face au père et sa fille d’Hélène Planquelle, un pêcheur immuable a pris place. « Après la nature morte, cette fresque représente une autre face de cette connexion entre l’homme et la nature » poursuit Versus Flow. « Il s’agit cette fois du pêcheur qui a besoin de la mer pour vivre et qui doit dans le même temps la préserver. Cette image m’est apparue comme évidente dans le premier port de pêche de France. Avec toujours cette idée d’introspection. Face à la mer, le pêcheur médite, prend le temps de se poser, d’admirer la nature mais aussi de réfléchir à ce qui se trouve au plus profond de lui. D’une manière générale, le street art fait appel à notre psychologie. Quand les gens vont voir ce mur, ils vont sentir une émotion. Elle peut les rendre joyeux, en colère, paisible, admiratif. L’art sert à sortir nos émotions. C’est la partie la plus importante de mon travail et de ma vision. »

Entre émotion et introspection, l’oeuvre de Versus Flow s’est prolongée sur un troisième mur à l’entrée du quartier. Dans cet ensemble de bâtiments résidentiels, place cette fois à une image du quotidien. Cette jeune femme qui prépare le café semble elle aussi plonger dans une réflexion. Une scène qui doit se dérouler chaque jour dans bon nombre d’appartements qui vivent aujourd’hui dans un nouvel espace du musée à ciel ouvert boulonnais. Le café est aussi le temps de se poser, réfléchir et méditer. Et de profiter de l’instant avec ce joli hommage à la ville autour de la bague boulonnaise.

Au final, une expérience magnifique pour cet artiste qui peint pour la première fois en-dehors de la Russie. « Participer à un tel festival est une chance » reprend Versus Flow. « Shozy et Rustam Qbic, qui étaient présents l’année dernière, m’avaient parlé de Boulogne-sur-Mer. Je trouve toutes les œuvres réalisées ici très inspirantes. Il n’y a que des grands artistes qui sont passés par Boulogne, c’est impressionnant. J’avais donc envie d’essayer d’être à la hauteur et de faire de mon mieux. Découvrir l’Europe est très intéressant pour moi car on ressent une inspiration différente dans le styles des artistes avec beaucoup d’oeuvres inspirées du classique. On a beaucoup de liberté dans nos compositions. Cela signifie beaucoup pour moi de vivre mon art totalement en créant quelque chose à Boulogne-sur-Mer pour devenir en quelque sorte une partie de la ville. »

Trois nouvelles œuvres d’art à découvrir et admirer sans modération dans le quartier des rues Ferdinand Buisson et de la place Rouget de Lisle.

Portrait : La résilience, faire face à l’adversité (savoir manœuvrer contre le courant, versus flow), trouver son chemin mais aussi accorder une grande place à la nature et à sa préservation, voici le riche univers de « Versus Flow ». De son vrai nom Andrei Kalugin, le muraliste originaire du Daghestan est un artiste complet qui a essentiellement composé en Russie. Ses fresques, souvent figuratives, invitent à la réflexion, à la résistance et à la remise en cause des normes sociales afin que chacun trouve son chemin selon son envie et son identité pour atteindre son objectif et respecter ses principes. Refuser le statut quo, surmonter les obstacles pour atteindre l’épanouissement personnel en acceptant les défis et les choix difficiles parfois nécessaires sont au cœur de sa démarche artistique et s’affichent comme une vraie philosophie de vie.