Festival Street Art acte 4. Après les œuvres de Mélissa Follet, Akut et Mohamed El Ghacham, l’artiste chilien Javier Barriga offre au parcours d’art urbain un portrait hyperréaliste sans visage. A chacun de laisser libre court à ses sentiments et interprétations pour s’identifier au personnage car comme le confie l’artiste « si le street-art est éphémère, les histoires sont éternelles ».
Réalisée en sept jours, la nouvelle acquisition du musée en plein air impressionne. La précision des traits, les contrastes, les couleurs, tout fait penser à une photographie. Pourtant, il s’agit bien d’une peinture signée Javier Barriga. Un visage de dos apparaît avec deux tresses. Celles d’une jeune femme réfléchie et silencieuse qui noue sa robe. Avec en joli clin d’œil, la présence d’une bague boulonnaise en argent. Le parfait symbole de la démarche du street-artiste spécialiste des portraits hyperréalistes sans visage qui captivent d’autant plus le spectateur par le mystère qu’il dégage. « L’idée est d’apporter à Boulogne une œuvre iconique de mon style, de mon art » confie-t-il. « J’ai bien sûr créé cette fresque spécialement pour ce mur. Ce personnage s’inspire d’une jeune fille de la famille de ma petite amie. Son visage n’apparaît pas. Elle n’a pas d’identité propre ce qui permet aux spectateurs qui la regarde d’imaginer ce qu’il veut et de s’identifier au personnage en fonction de son humeur, de la lumière et du moment de vie qu’il traverse. »
Une vraie démarche artistique. « C’est le sens de mon travail dans la rue » reprend Barriga. « Je ne suis pas là pour imposer quelque chose aux gens. C’est aux spectateurs de s’approprier l’œuvre. Pour moi, c’est l’essence même du street art. Je ne suis pas quelqu’un qui a quelque chose à dire mais un artiste qui a quelque chose à faire. C’est au public d’avoir quelque chose à dire. Nous sommes là pour démocratiser l’accès à la culture. C’est ma philosophie et celle du festival ce qui fait que je me suis vraiment épanoui ici. »
Une démarche artistique emplie d’humilité qui caractérise bien le personnage. Javier Barriga est un éternel insatisfait. « Je cherche toujours à améliorer chaque détail. Je suis rarement content de moi. Quand mon travail est terminé, seules les imperfections m’apparaissent. » Des « imperfections » toute relatives à voir le sourire des passants et les exclamations des habitués de la rue de Bréquerecque nombreux à s’arrêter prendre une photo et admirer l’œuvre d’art.
Une œuvre inspirée des grands maîtres classiques. « Je suis passionné de peinture depuis l’enfance » raconte le Chilien. « J’aime beaucoup la période de la Renaissance. Au début, je peignais des tableaux qui, dans le meilleur des cas, étaient vendus. Il appartenait ensuite à un propriétaire et le cycle était fermé. Cela ne me suffisait pas. J’avais besoin de partager mon travail avec des gens qui ne consomment pas d’art. Pour moi, le mur est une toile. J’ai voulu apporter des images classiques dans l’espace public. »
Après plusieurs œuvres réalisées au Chili mais aussi dans différents pays, c’est à Boulogne-sur-Mer que Javier Barriga a découvert l’ambiance d’un festival. « C’est un honneur pour moi d’avoir participé. C’était la première fois que j’intervenais dans un festival international. C’était aussi l’opportunité de rencontrer et d’échanger avec d’autres artistes. Slim Safont (qui a réalisé une fresque rue Maryse Bastié) m’avait dit beaucoup de bien de Boulogne-sur-Mer, de l’équipe et du festival. Y participer était vraiment quelque chose d’incroyable. C’était une magnifique opportunité pour moi d’apporter mon style à côté de grands noms du street-art déjà présents ici. »